vendredi 14 mai 2010

L’esprit du père



En 2002, Dominique Gibert lance sa maison d’édition, Diateino,  en publiant La technique du succès de son père André Muller (1923-1996).

Son père André Muller, juriste fiscaliste bien connu sur la place de Strasbourg, était un grand lecteur et puisait pour elle des trésors dans sa bibliothèque extraordinaire. Ainsi, Dominique Gibert a lu La Comédie humaine de Balzac sans oublier  Zola, Proust, Hugo ou les poésies de Rimbaud.
« Quand j’étais petite, Maman me racontait des histoires. Je rêvais d’être écrivain et je tenais un journal, comme beaucoup d’enfants. Mon père était éditeur. Il m’a fallu quelques dizaines d’années pour que je découvre que c’est ce métier-là que je voulais faire. »
André Muller avait créé en 1947 la Documentation organique, une florissante entreprise d’édition juridique et fiscale pour les experts-comptables.
Juriste de formation, Dominique Gibert est d’abord chargée de mission par la faculté de droit auprès de la Commission de l’Union européenne pour le lancement de la base de données de droit communautaire CELEX. Pour prolonger l’esprit de son père, elle se forme à l’édition à Stanford et lance à Paris les éditions « Diateino », sur une suggestion de l’helléniste Elisabeth Butin : « Je recherchais un nom de société qui exprime bien ce que je souhaitais faire : éditer des livres positifs permettant d’aider nos lecteurs à s’accomplir dans leur vie personnelle et professionnelle : Diateino vient du grec et signifie « bander son arc » et par extension « tendre vers un but ». Il se trouve que la première et la dernière lettre de Diateino (D.O.) correspondent au nom de la société créée par mon père.  J’ai créé ma propre maison d’édition pour publier La technique du succès, un manuel pratique qu’il avait diffusé sous forme de cours par correspondance dans les années 60, bien avant l’éclosion des premiers livres de développement personnel en France. Il y divulguait les méthodes de travail et les techniques de motivation qui lui avaient réussi.  Ce livre connaît toujours un succès extraordinaire et il est présenté en coup de cœur dans les grandes Fnac, depuis sa parution en 2002. »
Le livre fait son chemin : deux coéditions avec le Grand livre du mois, une version poche (Pocket) ainsi que des traductions en Chine et en Inde : « J’espère arriver à convaincre les éditeurs américains, malgré leur réticence à traduire des auteurs français. Je reçois des témoignages formidables de lecteurs à qui ce livre a redonné de l’énergie dans des périodes difficiles ».

Editer, une histoire d’amitié

Après La technique du succès, Dominique Gibert publie ses coups de cœur : « Ma grande chance est d’avoir une totale liberté et de ne publier que les auteurs que j’aime. Tous mes auteurs sont devenus mes amis. Je travaille aussi avec Marylène Delbourg-Delphis, une femme exceptionnelle, normalienne, chef d’entreprise qui a traduit notamment les livres de Guy Kawasaki sur la création d’entreprise (L’Art de se lancer, La réalité de l’entrepreneuriat). Comme elle le dit : « Chef d’entreprise et conseiller du commerce extérieur le jour, traductrice pour Diateino la nuit »... Ma recréation, ce sont des livres clin d’œil pour les femmes, dont Grand-mère déjà, adapté par la journaliste Laurence Cochet, qui sera bientôt publié chez Pocket. Je suis aussi sous le charme des illustrateurs avec qui je travaille : Clémence Gandillot, Claire Maoui, Pouch… »
Diateino, c’est avant tout une équipe de femmes : « Mon amie Claire Gautier qui m’épaule, est comme moi, une européenne convaincue. Claire est directrice de collection et a lancé le livre A nous l’Europe en coédition avec le Mouvement européen, pour les jeunes de 16 à 26 ans, ainsi qu’Orientation, Aidons les jeunes à construire leur avenir. Notre grand bonheur, c’est la transmission de notre passion aux jeunes. »
Deux jeunes éditrices, Coraline Henry et Aurélie Le Guyader, poursuivent leurs études à l’IUT métiers du livre de Saint Cloud tout en faisant des « périodes » à Diateino. « Il est très gratifiant de transmettre et d’être passeur de textes comme le sont tous les éditeurs, mais aussi passeur de relais ».
Ainsi se font les livres à travers les femmes, jusqu’au silence qui porte les hommes et se relit dans le monde.

M.L.

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